Combattre le syndrome de l’imposteur : comment j’en suis venu à bout pour les leaders IT

Le syndrome de l’imposteur est un phénomène largement répandu dans le secteur numérique, où les évolutions rapides et les exigences élevées peuvent intensifier les sentiments de doute et d’incompétence. Vous ne serez donc pas surpris si je vous dis que je rencontre régulièrement des coachés qui m’évoquent ce sentiment inconfortable. Y compris des dirigeants et cadres qui ont parfois 10, 15 ou même 20 ans d’expérience !

Ils souhaitent retrouver une plus grande sérénité et combattre ce syndrome pour améliorer leur performance et leur bien-être. Peut-être vous sentez-vous également concerné.e par ce que je viens de décrire ? Si tel est le cas, la suite de cet article devrait largement vous aider.

syndrome imposteur secteur numérique

Qu'appelle-t-on le syndrome de l'imposteur exactement ?

Le syndrome de l’imposteur se manifeste par un sentiment persistant de ne pas mériter ses succès et une peur constante d’être exposé comme un « fraudeur ». Dans le secteur numérique, ce syndrome est exacerbé par 4 éléments qui ne permettent pas, de facto, d’être et de se sentir suffisamment expert dans sa discipline que l’on soit Architecte Sécurité ou Consultant GRC :

  • la rapidité des évolutions technologiques ;
  • l’étendue et la diversité infinies des disciplines dans le secteur de la technologie ;
  • les normes strictes du secteur et des spécialités (ex : ISO 27001) qu’ils convient de respecter outre les normes et directives étatiques et/ou sectorielle (ex : directive NIS) ;
  • le SI toujours nouveau et en même temps mouvant et complexe. Surtout pour les consultants qui interviennent chez de nouveaux clients régulièrement.

Des études comme celles de Clance et Imes (1978) montrent que le syndrome de l’imposteur est particulièrement fréquent chez les personnes performantes. Dans le contexte technologique, les cadres peuvent ressentir une pression accrue pour être à jour sur les dernières innovations, ce qui contribue à leur sentiment d’imposture.

Vous êtes concerné.e par le syndrome de l'imposteur si ...

En tant que cadre ou dirigeant.e du secteur numérique, il y a fort à parier que vous êtes concernés par le syndrome de l’imposteur si un ou plusieurs de ces signes vous parlent :

  • vous ressentez régulièrement un sentiment d’incompétence malgré des succès avérés ;
  • vous avez souvent peur de ne pas être à la hauteur des attentes de vos clients et/ou de vos collègues plus expérimentés ;
  • vous recherchez le perfectionnisme et êtes par conséquent souvent débordé.e de travail ;
  • vous mettez en doute vos compétences quand on vous assigne une tâche ou responsabilité. Pourtant, la personne qui vous la confie vous en pense franchement capable ;
  • vous cherchez à fuir certains événements de votre journée de travail telles les présentations, réunions et autres interventions en public pour minimiser les chances que l’on vous « découvre ».

A noter que ces sentiments peuvent être particulièrement prononcés lors de crises IT, de projets de transformation digitale à enjeux ou de missions commanditées par des supérieurs ou des clients exigeants.

Les spécificités du rôle de la culture des entreprises du numérique sur le syndrome de l'imposteur

La culture d’excellence et d’innovation permanente dans le secteur technologique peut exacerber le syndrome de l’imposteur chez les individus. Pour atténuer cet effet, les entreprises doivent favoriser l’intelligence collective. En encourageant la collaboration et en valorisant les contributions de chacun, il est possible de réduire la peur de manquer d’expertise individuelle. Ce qui répond notamment à la pluralité des disciplines de l’IT qui ne peut être couverte que par un groupe d’individus et non une seule personne. Les équipes fonctionnant en mode agile en sont un très bon exemple. 

Des mesures concrètes incluent la mise en place de groupes de travail collaboratifs et la valorisation des succès collectifs, ce qui aide à créer un environnement de soutien où les cadres peuvent partager leurs défis et leurs réussites sans crainte de jugement.

Ainsi, l’autre n’est plus celui qui pourrait nous démasquer et devient celui qui augmente notre estime de soi. D’ailleurs, nous faisons certainement de même pour cette personne qui connait probablement ces mêmes doutes.

De la théorie à la pratique, les outils et les stratégies du coaching professionnel

Pour aider les leaders du numérique à combattre le syndrome de l’imposteur, voici quelques exemples d’outils et de techniques de coaching que j’utilise régulièrement :

  • Travail sur les croyances limitantes : pour identifier et remettre en question les pensées négatives et auto-sabotantes ;
  • Identification et valorisation des forces : pour aider les cadres à reconnaître et à valoriser leurs compétences et leurs succès ;
  • Techniques de visualisation : la puissance de cette technique permet aux leaders de se projeter avec force après transformation – sans le syndrome de l’imposteur – avant même qu’elle n’ait eu lieu. Dans le même temps, cela renforce la confiance en soi du coaché ;
  • Célébration des succès : pour mettre en place des rituels en vue de célébrer les petites et grandes réussites selon le mode qui convient au coaché. Dans le même temps, avec ce travail, le coaché renforce son sentiment de compétence.
  • Techniques de mindfulness et de relaxation : pour diminuer le stress ressenti par le coaché qui vit et subit le syndrome de l’imposteur régulièrement et l’aider à rester présent et à réduire les sentiments de doute.

Ces outils sont des exemples qui ont déjà aidé des cadres :

  • à rationaliser les situations difficiles auxquelles ils font face ;
  • à prendre conscience de leurs capacités ;
  • à relativiser leurs doutes et à accepter et prendre du recul avec leurs sentiments d’imposture.

Comme dans tout processus de coaching, il ne s’agit pas de dérouler tous les outils cités mais ceux – et peut-être d’autres – qui s’avéreront appropriés dans le cadre spécifique du coaching de la personne.

Les étapes pour combattre le syndrome de l'imposteur pour le leader du numérique

Voici les étapes pratiques que je propose aux cadres pour surmonter le syndrome de l’imposteur :

  1. Identification des symptômes : sur la base d’une des symptômes généralement rencontrés et ainsi générer une prise de conscience ;
  2. Travailler les croyances limitantes : des techniques permettent d’identifier et de remettre en cause les pensées négatives ;
  3. Adoption de croyances dynamisantes : pour remplacer les croyances limitantes. A cette étape, il s’agit d’encourager l’acceptation du syndrome de l’imposteur comme une expérience normale et regagner confiance ;
  4. Intégration des pratiques collaboratives : s’appuyer sur la culture d’intelligence collective pour réduire la pression individuelle. Mon intention est de faire émerger de nouvelles ressources pour le coaché et qu’il se sente maintenant soutenu.

Ces étapes, combinées aux outils de coaching, permettent aux cadres de prendre du recul, de ne plus se comparer aux autres et de renforcer leur confiance en eux.

Étude de cas : réussite d’un cadre IT d'un grand groupe français

Prenons l’exemple d’un responsable informatique d’un grand groupe français qui souffrait du syndrome de l’imposteur et que j’ai eu l’occasion d’accompagner. Il pensait devoir être expert en tout pour être crédible, ce qui est évidemment impossible. Se sentant souvent démuni face à des sujets techniques complexes, son besoin de contrôle devenait trop fort.

Pour l’aider, nous avons commencé par des prises de conscience et des conséquences de son syndrome en identifiant les symptômes qu’il vivait au quotidien. Ensuite, nous avons cadré son rôle et travaillé sur le lâcher-prise. En utilisant des techniques de coaching comme la visualisation et la célébration des succès, il a appris à accepter ses limites et à se concentrer sur ses véritables compétences et ses seules prérogatives. Les résultats ont été très positifs, avec une amélioration notable de sa confiance en lui et de sa performance professionnelle. Ce qui lui a été particulièrement utile pour une promotion en cours.

En synthèse

Combattre le syndrome de l’imposteur est crucial pour les cadres et dirigeants du secteur numérique. En appliquant les stratégies et outils mentionnés, ils peuvent améliorer leur confiance en eux et leur performance. N’hésitez pas à partager vos commentaires et vos expériences personnelles sur ce sujet. Votre retour est précieux et peut inspirer d’autres cadres à surmonter ce défi commun à de nombreuses personnes.

Références

  • Clance, P. R., & Imes, S. A. (1978). The Impostor Phenomenon in High Achieving Women: Dynamics and Therapeutic Intervention. Psychotherapy: Theory, Research & Practice, 15(3), 241-247.

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